Bilan !
Voici un
bref bilan des actions que nous avons menées depuis la création
du collectif "Sauvons la plage libre !" fin juin 2005, transformé
en association en août 2005. Suite à l'annonce dans La
Gazette du projet d'aménagement du Lido des Petit et Grand
Travers, nous avons lancé une pétition "papier"
et "électronique" contre ce projet mais aussi contre
la prolifération des restaurants et plages privées sur
ce même Lido. Nous avons été très actifs
les étés 2005 et 2006 pour faire signer cette pétition,
à l'ombre du parasol jaune ou en arpentant la plage, en distribuant
des tracts, et aussi aidés très efficacement par les propriétaires
des camions snack, en particulier le Vieux Tacot. Cette pétition,
toujours active sur internet, a recueilli plus de 7000 signatures, essentiellement
de personnes de la région, mais aussi de touristes de toute la
France et du monde entier. De nombreux internautes nous ont fait parvenir
leurs réactions
et suggestions, contribuant ainsi à un véritable débat
public pour ou contre l'accès libre et gratuit au littoral languedocien.
Tous ces commentaires sont consultables en ligne sur notre site internet,
qui a reçu plus de 6000 visiteurs, dont plus de 4000 ont signé
la pétition. Sur ce site, nous avons aussi rassemblé toutes
les informations concernant les projets d'aménagement du littoral
de la région, et en particulier tous les articles parus dans
la presse. Notre action
a en effet été très vite relayée par les
media locaux, mais aussi nationaux (émission "Le droit de
savoir" sur TF1 en septembre 2005), ce qui a, sans aucun doute,
contribué à nous faire connaître, puis reconnaître
comme interlocuteur représentant les usagers de cette plage.
Nous avons d'autre part envoyé de nombreuses lettres à
de nombreux élus et responsables du projet en leur demandant
une entrevue, afin de leur présenter nos arguments. Ces lettres
ne sont pas toutes restées sans réponse et lorsque nous
avons obtenu un entretien, nous avons toujours été bien
reçus.
Voici
la liste des personnes que nous avons rencontrées de manière
officielle :
Ø
14 novembre 2005 : M. Bernard POMEL,
Préfet "émérite", Directeur de la Mission
Littoral, en charge de tous les projets de réaménagement
du littoral entre le Rhône et la frontière espagnole,
Ø
15 novembre 2005 : M. Jean-Claude ARMAND,
Délégué régional du Conservatoire du Littoral
(protection du littoral contre le bétonnage par achat des lieux
sensibles),
Ø
17 novembre 2005 : M. Frédéric
BORT, Directeur de cabinet de M. FRECHE, Président de
la Communauté d'Agglomération de Montpellier,
Ø
22 novembre 2005 : M. Louis CALMELS,
Vice-Président du Conseil Général de l’Hérault,
délégué à l’environnement, en charge
aussi du dossier d'aménagement des Lidos de Carnon et de Sète-Marseillan,
Ø
7 décembre 2005 : M. Claude BOSOM,
Chef de cabinet de Mme MANDROUX, Maire de Montpellier,
Ø
19 janvier 2006 : M. Christian ASSAF,
Directeur de cabinet de M. FRECHE, Président de la Région
Languedoc-Roussillon,
Ø
24 avril 2006 : M. Jean-Pierre GRAND,
Maire de Castelnau le Lez, Député UMP,
Ø
23 mai 2006 : M. Adrien SIVIEUDE, 1er
adjoint au Maire de Pérols, chargé de l’environnement.
Nous avons
aussi rencontré de manière informelle plusieurs élus
soutenant notre action, en particulier Mme Zina BOURGUET
(Les Verts) et Mme Dominique CERRUTI (UMP), toutes
deux Conseillères municipales à Mauguio-Carnon, ainsi
que M. Philippe SAUREL, Conseiller municipal à
Montpellier et Conseiller Général de l'Hérault.
Nous
avons par ailleurs établi des liens avec d'autres associations
de défense du littoral de la région :
- Association Grande Motte Environnement (AGME34),
- CAPNUBAM (Collectif d'Associations de Protection
de la Nature et des Usagers de la Baie d'Aigues-Mortes),
- Réseau Hippocampe, association
qui remet en cause le projet d'aménagement du Lido de Sète-Marseillan
avec qui nous avons envoyé conjointement la
lettre ouverte aux Conseillers Généraux et aux commissaires
enquêteurs.
Enfin, nous
avons été très actifs lors de la concertation
publique sur le projet d'aménagement, qui s'est tenue cet
hiver. Plusieurs centaines de personnes ont assisté aux deux
réunions publiques qui ont eu lieu à Carnon et à
La Grande Motte en janvier 2006 et au cours desquelles nous sommes intervenus
pour exposer nos arguments contre le projet. Nous avons aussi rempli
en mairie les registres des expositions décrivant le projet,
et enfin nous avons participé à une dernière réunion
de concertation publique avec les associations en mars 2006 à
la Grande Motte. Afin
de mobiliser l'opinion publique en cette période hivernale, nous
avons par ailleurs organisé plusieurs manifestations (galette
des rois sur la plage, distribution de tracts au Marché de Mauguio,
envoi de courriels, communiqués dans la presse…).
Tous ces
efforts n'ont pas été vains puisque nous avons réussi
à alerter l'opinion publique, ouvrir un débat sur l'aménagement
du littoral et, finalement, obtenir une garantie, certes précaire,
sur la gratuité du parking du Petit Travers.
Mais
si nous avons gagné la première manche, il ne faut pas
croire que nous avons gagné la partie.
La
gratuité des parkings est loin d'être acquise au-delà
de l'horizon 2008, le devenir de la route reste incertain, les paillotes
continuent de proliférer. Nous devons donc continuer nos actions
pour défendre l'accès libre et gratuit à nos plages.
Pour que notre association à vivre, nous avons besoin d'adhérents
et des quelques euros des adhésions pour financer un minimum
nos actions, les 369 euros provenant des adhésions de l'an dernier
ayant été plus qu'utilisés pour les photocopies
des tracts, l'envoi des courriers, les galettes des rois...). Et puis
il nous reste encore des T-shirts, vendus 10 euros avec l'adhésion
2006-2007 (5 euros d'adhésion + 5 euros de T-shirt) !
Comment devons nous maintenant envisager l'avenir de l'association ?
Commençons à réfléchir avec ces quelques
questions :
- Comment
faire vivre l'association dans les années à venir, afin
qu'on ne nous oublie pas pour la suite du projet ?
- Faut-il continuer ou non à faire signer la pétition
actuelle, en faire une autre ? si oui pour revendiquer quoi ?
- Quelle doit être notre position sur la suite du projet ? Quelles
propositions concrètes pouvons/devons-nous faire ?
- Devons-nous organiser des actions avec d'autres associations pour
sensibiliser les usagers de la plage au respect des dunes, à
ne pas jeter leurs mégots dans le sable, à ne pas se garer
de manière dangereuse le long des accés ?
- Que faire pour endiguer l'épidémie de paillotes et plages
privées qui se propagent sur nos plages ?
- Comment
faire respecter les droits des usagers de la plage publique ?
Haut
de page
Lettre
ouverte à tous les Conseillers Généraux de
l'Hérault !
Malgré
la forte opposition exprimée lors des deux réunions
publiques sur le projet d'aménagement du Lido des Petit et
Grand Travers (voir le bilan
de ces réunions), il est à craindre que les collectivités
impliquées continuent le projet. Nous avons toutefois déjà
gagné un an. La phase 1 interdisant le stationnement côté
sud, qui devait être mise en place dès cet été
ne se fera en effet pas avant l'été 2007, l'aménagement
des parkings n'étant prévu que pour l'automne 2006.
A ce jour, personne n'a toutefois encore vu l'ombre d'un seul des
centimes que la Mission Littorale doit donner pour ce projet. Hors,
au moins en ce qui concerne la Mairie de Carnon, rien ne se fera tant
que l'argent ne sera pas débloqué. Côté
Conseil Général de l'Hérault en revanche, son
Président Mr Vézinhet semble très attaché
à faire passer son projet "au risque d'être impopulaire",
comme en témoignait la lettre qu'il a adressée aux héraultais
en début d'année. Dans cette lettre, il invitait ses
administrés à lui répondre par e-mail, ce que
nous avons fait, au nom de l'association mais aussi à titre
personnel, messages auxquels Mr Vézinhet n'a bien évidemment
pas daigné répondre.
Avec
la présidente de l'association Réseau
Hippocampe (qui mène un combat similaire pour la défense
de l'accès au Lido de Sète à Marseilhan), nous
avons envoyé une lettre
ouverte à chacun des Conseillers Généraux
du département de l'Hérault, afin de les informer et
de demander un véritable débat de ce projet au Conseil
Général (ce qui n'a pas été le cas lors
de son vote en novembre dernier).
Bilan
des réunions publiques des 10 et 12 janvier
2006 !
Merci
a tous ceux d'entre vous qui ont participé aux réunions
publiques la semaine dernière. Vous pouvez lire le
comptes-rendu :
-
de la réunion publique qui s'est
tenue le 10 janvier 2006 à la mairie annexe de Carnon,
-
de la réunion publique qui
s'est tenue le 12 janvier 2006 à la Salle Haute-Plage
à la Grande Motte,
La
quasi totalite du public présent aux deux réunions
s'est exprimée contre le projet, ce qui ne semble malheureusement
pas ébranler ses acteurs. Pour
la suite, il ne faut pas relâcher la pression comme on
dit. La phase 1 du projet ne débuterait qu'en 2007 (on
a déjà gagné 1 an par rapport à
ce qui avait été annoncé), les responsables
espérant sans doute que d'ici là nous nous soyons
essoufflés. Mais c'est maintenant qu'il faut agir pour
tenter de faire reculer ce projet, c'est-à-dire d'obtenir
que ces messieurs revoient leur copie et proposent d'autres
solutions qui tiennent compte de tous les usagers de ces plages,
maintenant qu'ils sont au courant de ce qu'on pense de leur
projet.
Pour
cela, nous avons envoyé une lettre
ouverte à tous les Conseillers
Généraux du département de l'Hérault,
puisque son Président, André Vezhinet :
- incitait en ce début d'année les héraultais
à répondre à sa lettre ouverte, qui mentionnait
en première page, "au risque d'être impopulaire",
son intention de persévérer dans la poursuite
des projets d'aménagement du Lido de Carnon à
La Grande Motte et de Sète à Marseilhan (qui est
aussi proposé par le cabinet Urbanis et qui prévoit
aussi l'interdiction de stationner le long de la route et la
construction de parkings payants !) ;
- mais n'a bien évidemment pas pris la peine de répondre
à nos réponses !
Et
nous participerons le 27 Mars à 18h00 à l'Hôtel
du Département à la réunion publique du
Conseil Général de l'Hérault. Venez nombreux
y participer avec nous et faire entendre pourquoi nous sommes
contre ce projet. Car
rassurez-vous, il est encore possible de faire capoter ce projet
ou du moins de le faire modifier. Il faut donc absolument nous
mobiliser et être le plus nombreux possible à la
fin du mois à l'Hôtel du Département. Nous
avons besoin de vous tous. Car nous ne pouvons pas continuer
ce combat avec seulement quelques actifs, nous perdrions toute
crédibilité et motivation.
Compte-rendu de la réunion publique
du 10 janvier à Carnon
Etaient
présents :
M. Pradeille, Maire de Mauguio-Carnon et Conseiller Général
M. Pomel, Préfet, Directeur de la Mission Littoral
M. Calmels, Chargé
du projet au Conseil Général
M. Boutayre, représentant le Maire de La Grande Motte
M. Armand, Directeur du Conservatoire du Littoral en Languedoc-Roussillon
(L-R)
Mme Snavre, représentant du Cabinet URBANIS, auteur du rapport
sur le projet
Mme Declerck , M. Lucas et divers membres de SLPL
Public environ 250 personnes
1)
Présentation de l’étude par Mme Snavre comprenant
:
- la présentation du site, de la loi Littoral, du classement
des étangs, de la propriété foncière du
Conservatoire du Littoral (2/3 de la zone), du projet Natura 2000,
de l'intérêt faunistique, floristique, touristique, de
la fragilisation du site du à sa fréquentation humaine
et automobile, de l'érosion littorale (300 000 m3 de sable
disparus en 10 ans) ;
- la présentation du projet, et ses 3 phases de réalisation,
adopté par le CG34 et les municipalités à l’unanimité
(voir la Charte pour la protection
et l’aménagement durable du Lido du Petit et du Grand
Travers).
2) M. Pomel insiste sur le fait que ce n’est pas le nombre d’usagers
qui pose problème mais l’inorganisation de la fréquentation
– manière de dire que le but du projet n’est pas
de restreindre l’accès au site.
M. Calmels précise que le Département est intéressé
par l’ensemble des sites menacés de l’Hérault
et non pas seulement par celui-ci ; qu’il s’agit de rendre
au site une bonne qualité environnementale et non d’en
interdire l’accès.
M. Boutayre quant à lui s‘engage sur la réalisation
de la première phase seulement - qui ne concerne quasiment
pas la Grande Motte.
Le
public présent réagit assez violemment et la confusion
est totale.
A la justification technique du projet et à son ampleur on
sent un flottement dans l’argumentation car si le pouvoir s’engage
sur le rechargement en sable de la plage, il n’a pour l'instant
pas la solution technique pour le faire, ni le financement, alors
qu’il s’agit de la toute première phase des travaux
programmée.
Au problème de l’accessibilité des lieux et du
stationnement des véhicules, on sent bien aussi que la question
est loin d’être résolue malgré l’assurance
de façade des acteurs du projet qui insistent lourdement sur
le fait que les 2ème et 3ème phases ne se feront (?)
qu'après le bilan de la 1ère phase.
Au problème de la quantité de places de stationnement
sur le site, on en reste à 2200 alors qu'il en faudrait 4000.
Au
problème de la gratuité du stationnement et des coûts
d’accès au site, il est répondu une fois de plus
que l’entretien des lieux coûte cher et on renvoie le
problème à une future structure de gestion à
laquelle participeraient les associations.
A la validité de notre pétition M. Pomel réponds
que sa représentativité est factice, ce qui provoque
un tollé.
A la description des modes de transport alternatifs "doux",
chers à M. Calmels, hormis le vélo on attends toujours
la réponse.
Au sujet du coût total du projet, hors rechargement de la plage
en sable, il s’établit ainsi :
- 1ère phase 3,71 MM€, 2ème phase 5,2
MM€, 3ème phase 0,5 MM€.
- Financement : Etat 40%, Département 30%, Communes 20%,
FEDER 10%.
Mme
Pébret, au nom de l’AGME, est contre les aires de stationnement
localisées dans les terrains du Conservatoire du Littoral et
affirme avoir trouvé 2200 places alternatives sur des terrains
communaux. Il lui est répondu que c’est le problème
des communes et à elles seules d’en décider.
Compte tenu de l’avancement actuel du projet sa mise en oeuvre
est repoussée d’un an - juillet 2007 – sauf la
rechargement de la plage en sable, élément essentiel
de la phase 1, qui devrait débuté cette année.
Compte-rendu de la réunion publique
du 12 janvier à la Grande Motte
Etaient
présents :
M. Dunoyer, Maire de la Grande Motte
M. Pomel, Préfet, Directeur de la Mission Littoral
M. Calmels, Chargé du projet au Conseil Général
M. Bourrel, représentant le maire de Mauguio-Carnon
M. Armand, Directeur du Conservatoire du Littoral en Languedoc-Roussillon
(L-R)
Mme Snavre, représentant du Cabinet URBANIS, auteur du rapport
sur le projet
Mme Declerck , M. Lucas et divers membres de SLPL.
Public d'environ 250 personnes
1)
Présentation de l’étude par Mme Snavre (même
que celle donnée à la réunion publique du 10/01/2006
à Carnon, voir ci-dessus).
2) M. Pomel souhaite d'emblée « d’autres questions
et d’autres interlocuteurs » qu’à la
réunion de Carnon !
M. Dunoyer invite toutefois SLPL à venir en discuter avec lui.
M.
Armand précise que les terrains du Conservatoire du Littoral
(413 ha), bien qu’inaliénables peuvent être occupés
par des acteurs économiques sous conditions (ex. éleveurs,
agriculteurs, etc. qui représentent l'occupation de 20% des
terrains du Conservatoire du Littoral actuellement en L-R).
M. Dunoyer ne s’engage pas au-delà de la première
phase, la suite étant conditionnée aux résultats
déjà obtenus et à la concertation qui suivra.
Il précise que la structure de gestion ne sera mise en place
qu’en phase 3.
3) Aux remarques sur l’occupation privée des plages,
il est répondu que L-R a le taux d’occupation le plus
faible de France et que la loi autorise 30%.
A la remarque affirmant que le recul des parkings ne résoudra
pas la dégradation des dunes, il est répondu que c’est
le piétinement qui en est responsable et qu’on limitera
le nombre de passages transdunaires.
A la remarque sur la responsabilité des aménagements
antérieurs sur l’érosion du site (digue de l’Espiguette
par ex.) il est répondu qu’il faut faire avec (NDLR :
autrement dit pas question de mettre en cause qui que ce soit ni de
démolir ce qui est inutile, inesthétique et inefficace).
A
la question de l’utilisation des espaces situés entre
la voie rapide et les étangs comme aires de stationnement,
il est répondu que, d’une part, il est impossible de
traverser ensuite cette voie et que, d’autre part, cela allonge
considérablement la distance au Lido.
Le
public est réactif mais la discussion plus apaisée qu’à
Carnon.
Mme
Pébret, au nom de l’AGME, est contre les aires de stationnement
localisées sur les terrains du Conservatoire du Littoral et
affirme avoir trouvé 2200 places alternatives sur les
terrains communaux. Pas de commentaires. Elle regrette aussi que les
associations n’aient pas été invitées au
comité de pilotage du projet.
Quelques personnes trouvent le projet bon sans plus de précisions
et l’attitude des autres négative par principe.
Une personne dit que ce projet est partial et partiel, qu’il
n’a aucune dimension humaine et que la réponse de M.
Pomel au sujet de la validité de la pétition n’est
pas fair-play.
Un certain nombre d’autres questions similaires à celles
posées à Carnon font l’objet de réponses
identiques et ne sont donc pas reprises ici.
Mme Declerck intervient pour rappeler la position de SLPL et dit,
entre autres, que la suppression de la route n’apporte rien
(et gâche tout), rappelle que les communes touristiques reçoivent
une dotation spéciale de l’Etat pour compenser les dépenses
supplémentaires liées à l’afflux de vacanciers,
que les plages privées rapportent beaucoup d’argent et
qu’il n’y a donc pas de surcoût d’entretien
pour les communes et demande enfin s’il y aura une enquête
publique bientôt ? M. Pomel répond qu'il n'y aura pas
d'enquête publique pour la mise en place de la première
phase.
CONCLUSION
ET SENTIMENT SUR LA SUITE
Dans
l’ensemble le public s’est montré assez hostile
au projet tel quel mais sensible à la nécessité
d’entreprendre la protection des lieux. Il serait donc vraisemblablement
plus favorable à un projet respectant mieux le caractère
régional et social de son utilisation.
Si
la détermination des acteurs du projet semble assez grande
pour la phase 1 – sous réserve de trouver une solution
pas trop onéreuse pour recharger en sable - car elle est jouable
sans trop de risque, y compris électoral, il semble qu'il n'en
soit pas de même pour les phases 2 et 3. Il semble clair que
la Grande Motte ne jouera pas le jeu jusqu’au bout car ce projet
ne lui apportera rien, au contraire, mais elle ne peut pas ne pas
adhérer à un projet d’ensemble imposé par
l’Etat.
Pour ce qui nous concerne il est évident que nous devons maintenir
la pression, mais en l’absence d’action publique concrète
des acteurs du projet pendant une longue période sans doute,
il reste à déterminer comment ?
LES
PLAGES EMPORTÉES PAR LA LOGIQUE DE GESTION
Aménagement
du Lido du Petit et du Grand Travers
Plus
de 500 personnes ont assisté aux deux réunions de concertation,
organisées le 10 janvier à Carnon et le 12 janvier à
la Grande Motte pour présenter le projet de réaménagement
du site, avec fermeture de la route, reconstitution de la dun et canalisation
du stationnement dans trois poches de parking. Le public a systématiquement
démonté l'argumentaire qui lui était présenté
et mis à nu une logique d’inspiration très libérale
censée aboutir à un modèle "novateur"
de gestion des plages.
Comme
le Lido du Grand et du Petit Travers, huit sites de la région
doivent faire l’objet d’opérations de lutte contre
l’érosion et bénéficieront à ce
titre de crédits spécifiques européens (FEDER)
et de l’État (DGIL). On pourrait s’en féliciter
si ces initiatives ne semblaient pas devoir s’accompagner de
lourdes contreparties. Il est en effet question d’appliquer
aux plages concernées des méthodes de gestion standardisées
des sites naturels, dont serait chargée à terme "une
structure" spécifique.
Certaines
associations pourraient être invitées à y participer.
Pour l’heure, celles-ci n’ont pas été consultées
et semblent avoir le plus grand mal à se faire entendre, que
ce soit "Sauvons La Plage Libre !" dont la pétition
a réuni plus de 5000 signatures et qui a reçu par Internet
des centaines de messages d’opposants au projet ou "Clape"
et "Grande Motte Environnement" qui, puisqu'il est question
de protéger les dunes, tentent en vain de s’opposer à
la transformation des terrains du Conservatoire du Littoral en aires
de stationnement.
Dès
la présentation, on voit bien qu’il y a quelque chose
qui cloche. Le cabinet Urbanis a beau se corriger constamment en précisant
qu’on ne peut pas parler de "surfréquentation"
dans le cas de ce Lido, on sent pourtant que toute la rhétorique
développée autour du projet a été construite
autour de ce concept pour conclure à l’impérieuse
nécessité de "maîtriser la fréquentation"
du site et d’en "organiser les usages" . Le milieu
serait "fragilisé par le piétinement, envahi par
la voiture, soumis à une pression insupportable, livré
à des dégradations, menacé par les incivilités
et malmené par une mauvaise gestion portant atteinte à
son image". Dans cette description, le public ne reconnaît
pas sa plage "Je ne comprends pas ce que vous dites, observe
un intervenant, la fréquentation de cette plage s'autorégule
d’elle-même puisqu’elle se remplit jusqu’à
ce qu’il n’y ait plus de places pour se garer". Ils
viennent ici depuis leur enfance, y ont vécu leurs premiers
fleurts, y amènent leur famille, des enfants en bas âge,
des personnes âgées. Pour eux, les dunes ne sont pas
plus menacées qu'il y trente ans, au contraire puisque la végétation
y repousse. Ils ne perçoivent pas cette "pression"
insupportable dont on leur parle. Par contre, ils l’ont bien
compris, avec ce projet, pour eux, c’est fini. On va confisquer
leur plage et avec elle un "acquis social" et tout un symbole
"de liberté et d’égalité" disparaitront.
Pour
Mr le Préfet Pomel la gratuité est scandaleuse
Parkings gratuits ou payants ? C’est dit, ils seront payants.
Ce serait même "moral". Pour Mr le Préfet Pomel,
directeur de la Mission Littorale, l’affaire est entendue, la
gratuité est tout bonnement "scandaleuse" et "irresponsable"!
"Les municipalités offrent un service en autorisant les
véhicules à stationner le long de la route, il est normal
qu’elles le fassent payer". C’est le principe de
l’usager payeur qui accompagne depuis 15 ans toutes les privatisations.
Le maire de Carnon, soutenu par un murmure approbateur des dits contribuables,
fustige cette foule qui "profite de la plage sans rien rapporter
à la commune". Mais les faits sont têtus et l’argument
glissant comme le public n’aura de cesse de le démontrer
par ses nombreuses questions et interventions. Avec obstination, il
parviendra à démêler l’écheveau des
financements publics pour la gestion des plages - investissements
très largement financés par l’Europe, l’État,
la Région, le Département ; dotation spécifique
de l’État aux communes pour l’entretien des plages,
etc.
Les
arguments écologiques ne résistent pas mieux au feu
serré des critiques. Seule la phase 1 du projet prévoyant
la suppression du stationnement actuel et la création de parkings
a été approuvée par les différentes collectivités.
Les deux autres phases (reconstitution du cordon dunaire et déplacement
de la route) sont conditionnées au versement effectif des financements
prévus et à une approbation ultérieure des différents
partenaires. L’équation "lutte contre l’érosion
= parkings payants" heurte le bon sens de l'assistance. Nombreux
sont ceux qui rappellent que la digue de l’Espiguette prive
les plages du département d’un précieux en apport
en sédiments du Rhône. Une scientifique précise
que le phénomène de la dilatation des océans
est dû au réchauffement climatique. Il y a aussi ceux
qui craignent à juste titre que les habitués mécontents
n'envahissent les stationnements urbains en créant un immense
embouteillage ou n’ouvrent d’autres passages dans les
dunes, sans compter les dégâts causés par la concentration
de plusieurs centaines de personnes passant toutes au même endroit.
"Le remède pourrait être pire que le mal".
Le manque de sérieux scientifique des solutions avancées
est mis en cause tout autant que leur incongruité sociale.
D'ailleurs, la première étude approfondie sur les fonds
et les courants marins du département lancée par le
Conseil Général n’est pas encore terminée.
Des
plages réservées aux riches en bonne santé
Si on comprend que le Maire de la Grande Motte puisse voir dans cette
opération une excellente occasion de débarrasser le
Lido d’une population jugée inesthétique dans
le nouveau décor issu du boom immobilier, si la logique développée
par Mr le Préfet Pomel ne peut surprendre de la part du représentant
d’un gouvernement dont le premier acte en faveur du littoral
a été d’assouplir la loi à la demande des
promoteurs, on comprend mal en revanche comment le Conseil Général
(qui avoue qu’il lui faudra 30 ans pour amortir les sommes investies
dans les parkings) pourrait concilier ce type de projet avec les valeurs
de justice sociale qu’il défend. Les contribuables du
département, de leur côté, n’auront peut-être
pas envie de payer pour les plages "des riches en bonne santé".
Marie
Azzaroni (13 janvier 2006)
|